« Quelle identité de genre vous définit ? »
Cette stupide question ! Celle qui me trotte dans la tête depuis que je l’ai lue dans un formulaire. Je dois me rendre à l’évidence, j’y pense constamment. Elle m’a fait comprendre pourquoi je me suis toujours senti différent. J’ai eu beau les enterrer sous une épaisse couche de déni et d’évitement, mes questionnements ne sont pas disparus.
À sa première journée au cégep, Mickaël revoit Chihiro, une connaissance avec qui il se lie rapidement d’amitié. Quand il l’accompagne à une soirée de l’association LGBTQ+ qu’elle fréquente, sa vie bascule. Car derrière la façade parfaite qu’il s’est créée se cache une haine de lui-même et de son corps. Chaque fois qu’il regarde son reflet dans le miroir, il ressent un mal-être plus grand. Un mal-être qui le détruit à petit feu.
Un mal-être qu’il ne peut plus garder pour lui.
M ou F ? À la naissance d’un enfant, l’un des deux genres doit être déclaré. Mais il arrive que la nature fasse les choses autrement. Avec la transidentité surgissent la peur d’être rejeté, la honte et la culpabilité, des sentiments qui peuvent mener à l’isolement, à la dépression et même au suicide. Mais, si la personne décide de faire une transition, un long processus s’enclenche. Un processus qui favorise l’acceptation de soi.
Éditeur: de Mortagne
Genre: Récit / Contemporain
Parution: Février 2021
Dès le départ, l'on sent le mal-être du personnage principal, Mikaël. Il est triste de constater ses efforts pour rentrer dans le moule, pour faire comme tous les autres dans le but de s'intégrer, pour être accepté au détriment de son bonheur. Aussi, l'on comprend aisément le rapport qu'il a avec son corps, les émotions négatives que ses caractéristiques physiques déclenchent en lui.
Stéphanie Perron démontre le cheminement que doit effectuer la personne pour sa transition, de l'acceptation de soi à la prise d'hormones. Elle met des mots justes et sentis sur les sentiments du personnage principal. Cependant, j'aurais aimé que le récit se prolonge, qu'il y ait quelques pages de plus qui abordent les changements physiques et les émotions qui lui sont reliées. La réalité est bien dépeinte: le parcours de Mikaël est parsemé de peur, d'angoisse et de gens qui lui tournent le dos, mais aussi d'espoir, de bien-être et d’individus qui lui apportent un bon soutien moral. Les étapes à franchir, pas toujours faciles, sont bien décrites, telles que la modification du prénom et les rencontres obligatoires qui permettent d'accéder à la prise d'hormones.
En parlant de support émotionnel, Chihiro est comme une petite étoile tombée du ciel pour Mikaël. Elle est mon personnage préféré grâce à son ouverture d'esprit, son originalité, sa sympathie et sa compréhension. Quant à Kim, elle est parfaite. Sa présence permet de bien outiller les jeunes lecteurs concernant une future transition, pour soi ou un proche. L'importance du pronom utilisé envers la personne en transition est très bien amenée par ses deux femmes. Du côté des parents de Mikaël, leurs réactions sont parfois inattendues, mais en tout point touchantes, et le fait de mettre davantage le père en avant-scène est très intéressant.
Ce roman encourage les jeunes qui se sentent mal dans leur corps à en parler, à un ami, à un proche ou encore à un intervenant d'un organisme en toute confiance. Ce texte invite aussi les gens à être ouverts d'esprit envers cette démarche et à prêter attention aux sentiments de la personne qui veut effectuer ce changement.
De la même collection:
16 ans et papa: X
À la dérive: X
Addik: X
Adios: X
Corde raide: X
Corps étranger: X
Indésirable: X
Toxik: X
Victime collatérale: X
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire