Les heures parallèles - Ariane Bessette

Bill et Marion, des voisins que tout sépare en apparence, se débattent tous deux avec la violence qui ravage leur vie.

Marion est recluse dans son magnifique condo montréalais, confinée dans la peur, meurtrie dans sa chair, dans ses pensées. Sur les pages d’un carnet secret, elle déverse des mots pour remonter le cours des choses, cerner l’origine de toute cette souffrance. Cette fois où elle est restée, celle où elle est revenue alors qu’il était encore possible de partir, de dire non, cette fois où elle a accepté que l’amour de Jean-François avait tous les droits et que le sien devait pardonner.

Bill, un ferrailleur itinérant, a changé de repères, d’emploi et de ville dans l’espoir de semer son passé et d’être transformé. De se tenir loin du trouble, surtout. Mais lorsque sa route croise celle de Marion, il reconnaît sur le visage de la jeune femme une peur familière qui ne lui laissera ni quiétude ni repos. Dès lors, il cherchera à tout prix à aider cette voisine qu’il connaît pourtant à peine.

Éditeur: Québec Amérique

Genre: Drame / Suspense

Parution: Septembre 2021

Avec ce deuxième roman, Ariane Bessette aborde un sujet beaucoup trop présent dans l'actualité ces derniers temps: la violence conjugale. Elle le fait deux fois plutôt qu'une, avec deux points de vue distincts, grâce à Bill et Marion que l'on suit à tour de rôle. Avec la quatrième de couverture, l'on pourrait s'attendre à ce que le récit soit davantage orienté autour de Marion, mais c'est Bill qui prend le plus d'espace. En tant que lecteur, on s'incruste dans son passé. D'ailleurs, certaines situations troublantes remettent en cause nos valeurs alors que l'on bascule de l'affection à l'indignation envers ce personnage. Quant à Marion, par de brefs chapitres, elle nous expose son histoire avec son conjoint Jean-François, du début au présent, de l'amour à la peur. Peu à peu, l'on prend conscience du contrôle dont s'empare Jean-François sur sa vie. D'abord subtilement, mais insidieusement, et de plus en plus pernicieusement. 

La façon dont l'auteure a organisé les paragraphes est originale. En premier lieu, il y a le point de vue de Bill. Le chapitre suivant est au sujet de Marion, mais il se déroule une journée en arrière, et, vers le milieu du roman, les deux narrations sont effectuées parfaitement en parallèle. Marion met des mots justes sur ce que vivent les femmes dans la même situation qu'elle. Elle réussit à lever les préjugés qui persistent encore, et invite les gens à ouvrir les yeux et les oreilles, à signaler sa présence et son soutien à celle que l'on croit prise dans cette situation. Ce récit démontre qu'une seule personne suffit pour faire une différence. 

Malgré le fait que Marion est moins présente que Bill, ses scènes sont fortes et puissantes et en quantité suffisante pour que l'on comprenne l'engrenage de la violence conjugale. Quant à Bill, il rappelle que cette violence peut aussi affecter gravement les enfants, de manière permanente. De toute évidence, c'est un roman bouleversant qui ne laisse pas indifférent.

Merci à Québec Amérique       

pour cette lecture riche en émotions