30/01/2020

Les cachettes - Guy Lalancette


La fois où je n'ai pas été morte dans la neige en plein jour, c'est la fois où j'ai été le plus loin pour me trouver parce que je n'avais jamais été autant perdue, je pense. Je ne sais pas comment en parler mais je sais ce que ça fait, c'est comme trop de lumière et je ne vois plus rien. Je ne peux pas en parler chez moi, ils ne comprendraient pas.



La petite Claude Kérouac, onze ans, a disparu, mais il faut 48 heures à ses proches pour s'en apercevoir. Quand la police est enfin appelée, les agents découvrent une famille chaotique et désunie. Chez les Kérouac, la vérité vous file sans cesse entre les doigts. Claude, depuis le lieu où elle s'est cachée, se confie à une psychologue antipathique. Tour à tour candide et trop lucide pour
son âge, parfois cruelle, elle livre sa version d'un sombre roman familial.



Éditeur: VLB

Genre: Drame / Policier

Parution: Janvier 2020








La scène d'ouverture m'a fait penser au branle-bas de combat au début du film Maman, j'ai raté l'avion: des enfants partout qui ne se soucient pas de l'autorité policière sur le pas de leur porte. À chaque chapitre, le narrateur change. De l'enquête policière, le lecteur bascule en compagnie de Claude chez la psychologue, et inversement. On s'attache immédiatement à cette petite fille que l'on apprend à connaître de ligne en ligne. On se prend d'affection pour elle en raison du rythme effréné de la famille qui donne parfois l'impression qu'elle est invisible, mais aussi grâce à son intelligence hors pair, qui m'a rappelé Mathilda, personnage du film du même nom, naviguant entre des gens trop pressés pour l'écouter. Le portrait familial qui nous est dressé est, à première vue, désolant et désordonné. Et Claude la cadette, cette enfant-plante, semble tout simplement chercher sa place dans cette grande fourmilière.


" Je n'ai pas les mots et, quand je ne trouve pas les mots,
je redeviens vite cette enfant-plante
qui s'enracine à côté du monde."

Claude aime les mots: elle prend la peine de regarder dans le dictionnaire lorsqu'un sens lui échappe et elle nous fait part de ses recherches, ce qui donne un caractère assez unique au roman. Cette fillette récolte les secrets des autres, écoute des pans de discussions qu'elle n'est pas toujours censée entendre, et collecte des objets qui ne lui appartiennent pas. Son attitude titille notre curiosité, et ses agissements et sa façon de penser nous touchent: un mal que l'on essaie de comprendre semble la ronger. Ce qui m'a le plus déroutée c'est la manière dont les gens du voisinage, à l'exception de M. Bertrand Rhéaume, perçoivent la petite Claude, étiquetée à tort, malheureusement. D'ailleurs, M. Rhéaume est mon personnage préféré, malgré le peu de ligne où il est présent puisqu'il ne voit qu'avec son cœur. Avec ses gestes et ses paroles, il a tant à apprendre aux autres. Les cachettes est l'histoire d'une famille éparpillée, éclatée, dans laquelle les secrets et la rétention d'informations ont créé d'énormes craquelures pour chacun d'entre eux. Quant à la fin, c'est un magnifique tour du chapeau, l'auteur m'a prise par surprise à deux reprises, plutôt qu'une!


Merci à VLB         
pour cette touchante lecture



2 commentaires:

  1. J'ai aimé aussi, même si j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans au départ... finalement, le portrait familial et le portrait d'enfant m'a plu.

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    1. Tu as tout à fait raison. La psychologie des personnages et la raison de ces comportements qui nous semblent insensés... !

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