« Ma belle grande fille, si tu me lis aujourd'hui, c'est que je suis morte il y a maintenant seize ans. Seize années pendant lesquelles je n'ai pas pu te bercer la nuit, panser tes blessures en les recouvrant de plasters de princesse, sécher tes larmes en caressant tes cheveux châtains, tenir ta main en traversant la rue et assister à tes spectacles de ballet jazz en hurlant bravo à la tombée du rideau. Seize années pendant lesquelles je me suis murée dans le silence sans pouvoir t'apprendre toutes ces choses que je souhaite tellement que tu saches pour que ta vie soit plus douce et pour que tes combats soient moins durs. »
Élie est sur le point de donner naissance, mais sa fin de grossesse est risquée. Craignant de mourir à l'accouchement sans rencontrer sa fille, elle décide de lui raconter sa vie pour lui léguer ces milliers de pépites d'or qui sauront lui rappeler la beauté du monde.
Éditeur: Libre expression
Genre: Contemporain / Drame
Parution: Août 2021
Élie, par peur de ne pas connaître sa fille, décide de lui écrire pour partager avec elle son parcours et son amour. Ce livre de Maude Michaud est en fait les mots que cette mère lègue à son bébé à venir, son histoire qu'elle lui livre en détail, remontant à la rencontre de ses parents. Elle raconte leur mode de vie, leurs différends et ses premières années jusqu'à sa maternité. Pendant les premières lignes, je me suis demandé pourquoi Élie démarrait son récit aussi loin dans le temps. Ce manque de proximité avec sa propre histoire m'a déstabilisée un tantinet et a créé un petit détachement de ma part pendant la première partie du roman.
Cependant, ce retour dans le passé permet d'aborder de doux et de douloureux moments importants ainsi que des thèmes cruciaux, mais durs, tels que les agressions sexuelles et la maladie mentale. Alors que l'histoire prend forme et que le parcours d'Élie devient plus sinueux, la souffrance qu'elle exprime agit comme une bombe, un rappel de la fragilité de la vie. Et l'amour maternel, sanguin, mais de cœur aussi, transcende ces pages d'une belle manière.
De temps en temps, Élie y insère des lettres manuscrites dans lesquelles elle s'adresse directement à sa fille, lui prodiguant des conseils face aux épreuves de la vie, lui partageant des mots remplis de sagesse. Elle lui fait part, entre autres, de l'importance de commettre des erreurs et de l'enseignement de ces dernières.
Alors que Élie est née en 1983 et moi en 1989, la multitude de références qu'elle cite, dont le discman, Watatatow et les livres Chair de poule, Frissons et Marie-Tempête, ont éveillé en moi une certaine nostalgie et, à quelques reprises, des sourires en coin. En plus de tous ces souvenirs, l'auteure a semé une dizaine de phrases que j'ai eu envie de surligner, de marquer pour les léguer, à mon tour, à mes enfants. Ce dernier roman de Maude Michaud en est un dans lequel la laideur et la beauté du monde se côtoient en se focalisant sur l'espoir, sur l'avenir. Parce que c'est grâce à la pluie qu'on peut apercevoir l'arc-en-ciel.
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