Confidences d'auteure... Roxanne Bouchard (Livre: 5 balles dans la tête) -Entrevue réalisé par Véronique Marcotte
Pour son dernier roman exposant des récits de gens ayant fait la guerre, Roxanne Bouchard, auteure de Nous étions le sel de la mer, a dû réfléchir longuement sur la structure a adopter, sur l'ordre dans laquelle placer les témoignages parfois difficiles, parfois plus drôles. Je vous laisse sur quelques-uns de ses mots:
"Je voulais que ce soit comme un jeu, au début. Qu'on ait du plaisir. Qu'on se laisse prendre un peu comme eux autres. Tsé, eux autres, ils s'en vont, ils décident de s'inscrire dans l'armée. On leur dit: Vous allez aller à la guerre. Tu l'sais pas trop, tsé. Tu commences les exercices, t'as du fun, c'est drôle. Un peu comme dans le livre. Un moment donné, c'est moins drôle, mais là, comme t'es enrôlé, ou comme t'as commencé à lire le livre, tu vas continuer, pis là tu vas aller jusqu'au bout"
"On a des préjugés encore envers eux (les militaires), mais, au-delà de ce qu'ils ont fait, qui sont-ils? On le sait pas. On parle beaucoup du taux de suicide chez les militaires qui est très haut parce qu'ils reviennent très traumatisés des guerres, des missions qu'ils ont faites. Là le monde me dit: Est-ce que tu trouves que l'armée les encadre bien? Moi je trouve que la question c'est: Est-ce que nous on les encadre bien? Est-ce que nous on les accueille? Est-ce que nous on communique avec eux?"
Pendant l'entrevue, l'auteure en a profité pour nous expliquer un peu le syndrome de vicariant, ce qu'elle a vécu. "Quand tu te fais raconter des traumatismes par des gens traumatisés, ton cerveau imite un peu, par empathie, les émotions de l'autre". Roxanne Bouchard a alors pris une pause d'un an, pendant laquelle elle a écrit une pièce de théâtre, un dialogue amoureux, pour éviter de vivre un stress post-traumatique par empathie.
"Mon objectif c'était: Assoyons-nous avec eux. Je voulais qu'on les entende parler comme si vous et moi étions assis avec eux."
"Ce livre-là a changé ma vision de moi-même. (...) Je me suis aperçu que pour parler avec des militaires, des gens qui sont de l'autre bord de mes préjugés c'est ben ben difficile. (...) C'est le livre qui a été le plus dur pour moi parce qu'il m'a transformée pour vrai."
Table ronde: Jouer avec le suspense
"Dans mon cas, et dans plusieurs cas, je pense que contrairement aux articles de journaux qui vont dire que telle famille a séquestré tels tels gens, là on voit la nouvelle, on fait: ''Ah! C'est épouvantable." Nous, ce qu'on va faire c'est essayer de comprendre qu'est-ce qui s'est passé avant pour en arriver à ça. Qu'est-ce qui s'est passé dans cette famille-là pour que eux en arrive à avoir envie de faire ça? C'est quoi leur passé, leur psychologie, tout ça? La nouvelle du journal dira pas ça. Elle arrive quand s'est finit. Nous on essaie de voir. Remontons à la source."
- Patrick Sénécal
"Moi, j'aime ça prendre les faits divers qui nous interpelle, nous choque. Les crimes que tu vois et que tu essaies de comprendre. Je vais prendre une portion de ce réel-là, je vais m'en inspirer. Là, je vais détricoter le crime et je vais le retricoter à l'endroit. C'est-à-dire que la fin va me satisfaire, alors que ce que je lis dans les journaux me choque."
- Maureen Martineau
"Chaque auteur a des valeurs et je pense que, ça finisse mal ou non nos romans, nos valeurs vont être là quand même. Dans l'sens que même si souvent mes méchants, mes pas gentils peuvent gagner... le roman ne montre pas qu'ils ont raison de gagner. Je ne fais jamais l'apologie de la violence. Je montre que la violence existe, qu'elle peut faire des ravages terribles. Je montre que parfois les méchants gagnent, mais c'est pas parce que j'suis d'accord. C'est parce que ça arrive. Ça peut arriver et je suis conséquent avec l'histoire que j'ai mise en place."
- Patrick Sénécal
"J'aime beaucoup écrire des intrigues en entonnoir pour donner, en temps réel au lecteur, le point de vue du criminel ou de la personne recherchée. (...) J'aime qu'on ait son point de vue à lui, ne serais-ce que pour lui donner à lui, ou à elle, une raison d'agir parce que c'est là que l'histoire prend son sens."
- Guillaume Morrissette
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